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    Raid aérien allié sur Dresde : bilan des morts de Dresde

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    Combien de personnes ont été tuées lors du raid aérien sur Dresde ?

    Les négationnistes de la Shoah invoquent souvent le bombardement allié de Dresde (13-14 février 1945) comme preuve des crimes de guerre alliés. Ils le font pour minimiser les meurtres systématiques commis par les nazis. Les négationnistes de la Shoah affirment que :

    Le nombre de civils allemands tués lors du raid aérien allié sur Dresde va de 135 000 à 250 000 personnes. En 1991, par exemple, le négationniste de la Shoah David Irving a prétendu que seulement 25 000 personnes ont été tuées à Auschwitz, mais que « […] nous avons tué cinq fois ce nombre à Dresde en une nuit ». L’argument de D. Irving consiste en ce que, si les Alliés ont commis une telle atrocité massive à Dresde, alors l’importance d’Auschwitz-Birkenau comme un symbole de crimes de guerre nazis aura été exagérée.

    Les faits sont les suivants :

    Les rapports officiels indiquent qu’entre 25 000 et 35 000 personnes ont été tuées au cours du raid aérien sur Dresde. Malgré ces rapports officiels, D. Irving gonfle le bilan des morts pour diminuer comparativement le rôle d’Auschwitz-Birkenau dans la Shoah, ainsi que le nombre de Juifs assassinés tout au long de la guerre.

    Qu’a affirmé David Irving au sujet de Dresde ?

    Il convient également de noter que David Irving, que la Haute Cour de justice de Londres a reconnu coupable en 2000 de négationnisme de la Shoah, de racisme et d’antisémitisme, a fourni des chiffres variables sur le nombre d’Allemands tués lors du raid aérien sur Dresde :

    • En 1992, lors d’une conférence de l’Institute of Historical Review, Irving a dit à l’auditoire : « une centaine de milliers de personnes ont été tuées (à Dresde) en une période de douze heures par les Britanniques et les Américains ».[1]
    • En 1993, dans une vidéo publicitaire faite pour le public australien, Irving a déclaré : « plus de 130 000 personnes sont mortes dans ce raid aérien particulier ».[2]
    • Beaucoup plus tôt, cependant, dans l’édition de 1966 de The Destruction of Dresden, D. Irving avait affirmé que le chiffre était « entre un minimum de 100 000 et un maximum de 250 000 » personnes.[3]

    D. Irving et d’autres négationnistes de la Shoah exagèrent le raid aérien sur Dresde afin de le comparer aux atrocités perpétrées à Auschwitz-Birkenau. Les négationnistes gonflent le nombre de tués par le raid aérien et réduisent le nombre de Juifs assassinés à Auschwitz-Birkenau. Par exemple, lors d’une entrevue à la télévision en novembre 1991, Irving a affirmé que 25 000 personnes ont été tuées à Auschwitz-Birkenau, mais que « … nous avons tué cinq fois ce nombre à Dresde en une nuit ».[4] Les négationnistes de la Shoah soutiennent finalement, à travers leurs faux chiffres pour les deux évènements, que le raid aérien allié sur Dresde était un crime de guerre bien plus grave.

    Le nombre réel de personnes tuées dans le raid aérien :

    Le nombre correct de morts, qui est déjà assez terrible, se situe entre 25 000 et 35 000. Il est basé sur les documents historiques des Allemands eux-mêmes, consignant le nombre de cadavres retrouvés, incinérés ou enterrés. Pour prouver ses chiffres exagérés, D. Irving a utilisé un document falsifié, intitulé « TB-47 » (« Tagesbefehl 47 », ou « ordonnance du jour n°47 »), qu’il a découvert dans des circonstances inhabituelles en 1963. Irving a attribué la paternité de ce document à un certain Dr Funfack, que D. Irving a décrit comme le médecin-chef adjoint de Dresde. En fait, le Dr Funfack était un urologue et n’était qu’un spectateur sans connaissance de ce qu’il se passait vraiment. Avant de publier « TB-47 », D. Irving n’a pas contacté le Dr Funfack et a confirmé la paternité présumée du document par le Dr Funfack. Au contraire, le Dr Funfack a tenté à maintes reprises de convaincre D. Irving de retirer son affirmation selon laquelle le Dr Funfack a écrit « TB-47 », mais en vain.[5]

    En 1965, « TB-47 » s’est avéré être un faux maladroit, après que le vrai « TB-47 » eut été retrouvé. D. Irving a été informé de l’existence du véritable « TB-47 » le 5 avril 1966. Après plus d’une décennie, l’authentique « TB-47 » a finalement été publié (1977), prouvant une fois pour toutes que la version d’Irving était un simple faux.[6] Irving n’a jamais répudié le faux « TB-47 » et a continué à le publier dans l’annexe de son livre Apocalypse 1945.

    Que dit le faux « TB-47 » et en quoi ressemble-t-il au vrai « TB-47 » ? Le faux « TB-47 » déclare que 202 040 personnes ont été tuées dans le raid aérien sur Dresde, avec un nombre possible de morts de 250 000. Il est également dit que 68 650 corps ont été brûlés dans l’Altmarkt (place de la ville). Toutefois, lorsque l’authentique « TB-47 » est apparu en 1965, il a montré que seulement 20 204 personnes ont été tuées, voire peut-être un maximum de 25 000. Le nombre de corps brûlés dans l’Altmarkt a été chiffré à 6 865. Quelqu’un, peut-être au ministère de la Propagande, a maladroitement ajouté un zéro aux chiffres, les multipliant par 10 (20 204 est devenu 202 040 ; 25 000 est devenu 250 000 ; 6 865 est devenu 68 650). L’intention était clairement d’enflammer le public allemand.[7]

    Après avoir trouvé le faux « TB-47 », D. Irving a immédiatement commencé à faire connaître les chiffres exagérés pour bénéficier de l’impact politique que cela engendrerait. Par exemple, dans une lettre au prévôt de Coventry, au Royaume-Uni, D. Irving a suggéré que la ville devrait organiser une exposition sur les bombardements du raid aérien sur Dresde, avec le faux « TB-47 » placé juste à côté. Il a dit que le document « TB-47 » devrait être reproduit « en grande police » afin de « bien faire comprendre l’impact de l’exposition », principalement parce que « sa nonchalance et les pertes qu’il mentionne ont un effet fracassant. »[8] Pourquoi demander cela de Coventry, en Angleterre ? La ville de Coventry avait été presque détruite lors d’un raid aérien nazi le 14 novembre 1940. Le résultat a été une grande perte de vies et de biens. D. Irving avait l’intention de minimiser le bombardement de Coventry en le comparant à ses chiffres gonflés du bombardement de Dresde.

    De même, toujours résolument confiant dans ses conclusions, D. Irving a utilisé le faux « TB-47 » pour créer une nouvelle agitation médiatique. Dans une correspondance, D. Irving a décrit le faux « TB-47 » comme une « sensation » et a déclaré qu’il n’y avait aucun doute quant à l’« authenticité du document ». Dans une lettre à Stern, un magazine de nouvelles allemand, D. Irving écrit que ce que nous savons du bilan des morts « croît constamment… N’est-ce là pas très impressionnant ? »[9]

    Cependant, la bourse contemporaine contredit les affirmations de D. Irving. Les historiens les plus responsables acceptent le bilan des morts comme étant situé entre 25 000 et 35 000. Par exemple, l’historien Earl A. Beck, qui a beaucoup étudié la guerre aérienne en Allemagne, a déclaré : « […] l’augmentation constante des estimations du nombre de morts dûs aux raids ne correspond pas aux faits. Les rapports officiels justifient une estimation d’entre 25 000 et 35 000 tués. Les chiffres qui sont passés à 100 000 à 200 000 tués ont perdu tout sens des réalités ».[10] De même en 1994, l’historien Friedrich Reichert, qui vivait à Dresde, publia un compte rendu faisant autorité en citant des sources auparavant inutilisées trouvées dans les archives de la ville. Son compte rendu réduit de façon convaincante le chiffre à 25 000. Il a affirmé résolument : « ce chiffre peut être considéré comme proche de définitif ».[11]

    Ruins in Dresden. By War Office official photographer, Taylor (Mr) [Public domain], via Wikimedia Commons.
    Ruines à Dresde. Par le photographe officiel du ministère de la Guerre, Taylor (M.) [domaine public], via Wikimedia Commons.

    Conclusion :

    Irving promeut sciemment le « TB-47 » falsifié afin de décupler le nombre de personnes mortes à Dresde. Il veut comparer à tort le bilan exagéré des morts de Dresde à sa propre évaluation minimale du bilan des morts d’Auschwitz-Birkenau. Comme montré, les véritables recherches historiques établissent presque universellement le bilan des morts causées par le raid aérien sur Dresde entre 25 000 et 35 000 personnes.

    NOTES

    [1] Richard J. Evans, David Irving, Hitler and Holocaust Denial, Section (5)(5.2)(d)(i) à l’adresse www.hdot.org. Voir également David Irving, « Life Under Fire » (« The Right to Be Wrong ») à l’adresse http://www.ihr.org/jhr/v13/v13n1p-8_Irving.html.

    [2] Enregistrement vidéo du discours de David Irving, The Search for Truth in History—Banned! 1993 in « David Irving: A Political Self-Portrait: Electronic Edition ». (« 1.2 Holocaust ‘myth’ as Jewish extortion, 1.2/L »).

    [3] Richard J. Evans, David Irving, Hitler and Holocaust Denial, Section (5)(5.2)(d)(i).

    [4] This Week, 28 novembre 1991 in Judge Charles Gray, Holocaust Denial on Trial, Trial Judgment (« XI. Justification: The bombing of Dresden, The Defendants’ criticisms of Irving’s account of the bombing, 11.7 ») à l’adresse www.hdot.org.

    [5] Richard J. Evans, David Irving, Hitler and Holocaust Denial, Section (5.2)(d)(iii)(A)(5-11).

    [6] Richard J. Evans, David Irving, Hitler and Holocaust Denial, Section (5.2)(d)(iv).

    [7] Richard J. Evans, David Irving, Hitler and Holocaust Denial, Section (5.2)(d)(v)(2).

    [8] Richard J. Evans, Lying About Hitler: History, Holocaust, and the David Irving Trial (Basic Books, 2002), p. 154.

    [9] Richard J. Evans, Lying About Hitler: History, Holocaust, and the David Irving Trial (Basic Books, 2002), p. 154.

    [10] Earl A. Beck, Under the Bombs: The German Home Front 1942-1945 (University of Kentucky Press, 1986), p. 179.

    [11] Friedrich Reichert, « Verbrannt bis zur Unkenntlichkeit », in Dresden City Museum (ed). Verbrannt bis zur Unkenntlichkeit. Die Zerstörung Dresdens 1945 (Altenburg, 1994), pp. 40-62, 58 tel que cité dans Richard J. Evans, David Irving, Hitler and Holocaust Denial, Section (5.2)(d)(i).