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    Chambres à gaz d’Auschwitz-Birkenau : la chambre à gaz n’est pas une création artificielle

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    Comment savons-nous que la chambre à gaz d’Auschwitz I (le camp principal) est authentique, et non une création artificielle destinée aux touristes ?

    Les négationnistes de la Shoah affirment que :

    Les responsables du musée national d’Auschwitz-Birkenau ont confirmé que la chambre à gaz du camp principal (Auschwitz I) est une création artificielle destinée aux touristes.

    Les négationnistes de la Shoah font cette affirmation en sortant de leur contexte les déclarations des fonctionnaires et des organes de presse. Par exemple, en janvier 1995, L’Express, un magazine d’information français, marquait le 50e anniversaire de la libération d’Auschwitz-Birkenau avec un article sur les défis de la préservation du camp principal (aujourd’hui le musée national d’Auschwitz-Birkenau) et de Birkenau. Eric Conan, l’auteur, a noté que le bâtiment actuel du crématorium dans le camp principal avait été restauré après la guerre à l’apparence qu’il avait quand il a été utilisé comme chambre à gaz en 1941/1942.[1] David Irving, que la Haute Cour de Londres en 2000 a déclaré être un négationniste de la Shoah, un raciste et un antisémite, a saisi l’occasion et a sorti l’article de son contexte. Il a salué l’article comme un évènement capital : « L’Express a admis que la chambre à gaz montrée aux touristes à Auschwitz est un faux, construit par les communistes polonais trois ans après la guerre »[2]

    Les faits sont les suivants :

    Le crématorium/la chambre à gaz du camp principal (Auschwitz I) a été restauré avec précision à son rôle historique de chambre à gaz. Il s’agit d’une représentation commémorative et symbolique de tous les crématoriums/chambres à gaz du complexe d’Auschwitz-Birkenau.

    Crématorium 1 du camp principal pendant la guerre :

    À l’origine, le crématorium 1 était équipé de deux (plus tard trois) fours crématoires avec une salle de morgue située derrière eux. À la fin de l’année 1941, les nazis scellèrent la salle de la morgue du crématorium 1 et percèrent cinq trous dans le toit. Les trous furent recouverts par de petites cheminées à travers lesquelles du Zyklon B était largué. Un grand ventilateur fut également installé et la porte fut rendue étanche au gaz.[3]

    Le 15 février 1942, le premier transport de Juifs de Haute-Silésie fut gazé dans le crématorium/la chambre à gaz 1. Les gazages se poursuivirent jusqu’à l’automne 1942 lorsque le massacre fut transféré à Birkenau.[4]

    Lorsque les nazis transformèrent le bâtiment en un abri contre les raids aériens en 1944, les fours furent démantelés et les trous dans le plafond furent remplis. Les chambres furent subdivisées avec des murs renforcés, de manière à soutenir le plafond et à minimiser les effets d’un impact de bombe direct.

    Le crématorium/la chambre à gaz 1 après la guerre :

    Après la guerre, le camp principal fut transformé en musée. Les autorités estimèrent qu’il était nécessaire qu’un crématorium/une chambre à gaz se trouve à la fin du voyage commémoratif des visiteurs. Cependant, les quatre principaux bâtiments des crématoriums et des chambres à gaz, où la plupart des massacres avaient eu lieu, se trouvaient en ruines à Birkenau, à près de cinq kilomètres de là. Par conséquent, les autorités du musée restaurèrent le crématorium/la chambre à gaz 1, comme en attestent les plans nazis du 25 septembre 1941 et divers témoignages oculaires. En tant que reconstruction partielle, cette chambre à gaz témoigne de l’existence de tous les crématoriums/chambres à gaz d’Auschwitz-Birkenau.[5] Par la suite, plusieurs autres parties ont été reconstruites ou restaurées : la cheminée des fours des crématoriums, la chambre à gaz, les portes, deux des trois fours et quatre des ouvertures du toit utilisées pour le Zyklon B.[6]

    Comment savons-nous que le crématorium 1 était en fait une chambre à gaz ? Le témoignage oculaire des criminels nazis en atteste :

    Pery Broad, un membre de la Gestapo à Auschwitz-Birkenau, fut capturé par les Britanniques après la guerre. Il écrivit un rapport détaillé sur Auschwitz-Birkenau, dans lequel il décrivit le premier gazage qui eut lieu dans le camp principal. P. Broad détailla comment les Juifs d’un transport avaient été rassemblés dans l’ancienne salle de la morgue, où ils s’attendaient à recevoir des douches : « Les couvercles avaient été enlevés des six trous dans le plafond […] Avec un burin et un marteau, ils (les SS) ouvrirent quelques boîtes à l’air inoffensif […] remplies à ras bord avec des granules bleus de la taille d’un pois. Immédiatement après l’ouverture des boîtes, ils furent jetés dans les trous qui furent rapidement recouverts ».[7]

    Hans Stark, également membre de la Gestapo du camp, témoigna au procès d’Auschwitz-Birkenau à Francfort en 1963. Il a témoigné que des gazages étaient effectués « dans une pièce du petit crématorium qui avait été préparée à cette fin ». H. Stark indiqua que le toit au-dessus de la chambre à gaz avait des ouvertures, à travers lesquelles du Zyklon B était versé sous forme granulaire. Au moins une fois, H. Stark lui-même versa le Zyklon B dans les trous. Il remarqua que le Zyklon B « ruisselait sur les gens lorsqu’il était déversé. Ils commençaient alors à crier terriblement, car ils savaient désormais ce qui leur arrivait […] Après quelques minutes, le silence revenait. Après qu’un certain temps se fut écoulé, peut-être dix ou quinze minutes, la chambre à gaz était rouverte. Les morts gisaient pêle-mêle partout. C’était une vue épouvantable ».[8]

    De même, des témoins oculaires survivants ont témoigné à propos du crématorium 1 :

    Filip Müller, un juif slovaque qui arriva à Auschwitz-Birkenau en avril 1942, fut mis au travail comme chauffeur de four dans le crématorium/la chambre à gaz 1. L’une des fonctions de F. Muller consistait à traîner les cadavres de la chambre à gaz jusqu’aux fours. Plus tard, il fut transféré à Birkenau pour y travailler dans les crématoriums et les fosses de crémation. Il donna une description détaillée du processus de meurtre dans le crématorium/la chambre à gaz 1 : « Quand le dernier avait franchi le seuil, les officiers SS claquaient la porte lourde cloutée de fer qui était équipée d’un joint en caoutchouc, et la verrouillaient […] les Unterführers de service s’étaient rendus sur le toit du crématorium […] Ils enlevèrent les fermetures des six ouvertures camouflées. Là, protégés par des masques à gaz, ils versèrent les cristaux vert bleu du gaz mortel dans la chambre à gaz ».[9]

    Il y a des preuves matérielles que le crématorium 1 était une chambre à gaz :

    Une étude scientifique rigoureuse des chambres à gaz, achevée en 2000, a trouvé des preuves matérielles et photographiques des cinq trous utilisés dans le plafond du crématorium/de la chambre à gaz 1. Les trous avaient été scellés lorsque le crématorium/la chambre à gaz a été transformé en un abri anti-bombe. Dans la première restauration, faite à la fin des années 1940, quatre des trous avaient été rouverts et recouverts par des cheminées en bois, comme ils l’avaient été quand le crématorium/la chambre à gaz 1 était une chambre à gaz. Un témoin polonais de la reconstruction, Adam Zlobnicki, raconta comment les traces des trous étaient clairement visibles : « Je me souviens bien que les trous d’introduction du Zyklon B, qui étaient situés sur le toit du crématorium, avaient également été reconstruits en 1946/47. Ceux qui les ont reconstruits ont eu la tâche facile parce que les trous d’introduction d’antan avaient laissé des traces visibles […] Ainsi, ils construisirent à nouveau les ouvertures des petites cheminées aux mêmes endroits ».[10]

    Conclusion :

    Le crématorium/la chambre à gaz 1 du camp principal n’est pas un « faux » mais un espace restauré à l’identique à son rôle historique de chambre à gaz. Il s’agit d’une représentation commémorative et symbolique de tous les crématoriums et chambres à gaz du complexe d’Auschwitz-Birkenau.

    Interior of Gas chamber in Main Camp. By Illogical2007 (own work) [CC BY-SA 3.0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0)], via Wikimedia Commons.
                           Intérieur de chambre à gaz dans le camp principal. Par Illogical2007 (travail personnel) [CC BY-SA 3.0], via Wikimedia Commons.

    NOTES

    [1] Eric Conan, « Auschwitz : La mémoire du mal », L’Express, 19 janvier 1995 à l’adresse www.fpp.co.uk/Auschwitz/docs/Conan.html. Voir également Robert Jan van Pelt, The Van Pelt Report (« XI Irving Adrift [1993-1998] ») à l’adresse https://www.hdot.org.

    [2] Robert Jan van Pelt, The Van Pelt Report (« XI Irving Adrift [1993-1998] ») citant David Irving, « L’Express : Tout y est faux – Everything About it is a Fake, French Make a Clean Breast: Admit Forty-seven Year Auschwitz ‘Gas chamber’ Fraud », Action Report #9, mai 1995.

    [3] Franciszek Piper, « Gas Chambers and Crematoria » in Yisrael Gutman et Michael Berenbaum, Anatomy of the Auschwitz Death Camp (Indiana University Press et United States Holocaust Memorial Museum, 1994), p. 159.

    [4] Robert Jan van Pelt, « A Site in Search of a Mission » in Anatomy of the Auschwitz Death Camp (Indiana University Press and United States Holocaust Memorial Museum, 1944), p. 145.

    [5] Deborah Dwork and Robert Jan van Pelt, Auschwitz: 1270 to the Present (W.W. Norton, 1944), pp. 363, 364.

    [6] Robert Jan van Pelt, The Van Pelt Report (« XI Irving Adrift [1993-1998] ») fn 1066.

    [7] Robert Jan van Pelt, The Van Pelt Report (« V Confessions, 1945-47 »); KL Auschwitz Seen by the SS (Auschwitz-Birkenau State Museum, 1995), p. 130.

    [8] Robert Jan van Pelt, The Van Pelt Report (« IX The Leuchter Report »).

    [9] Filip Müller, Eyewitness Auschwitz: Three Years in the Gas Chamber (Ivan R. Dee, 1979), p. 38.

    [10] Daniel Keren, Jamie McCarthy, et Harry W. Mazal, « The Ruins of the Gas Chambers: A Forensic Investigation of Crematoriums at Auschwitz I and Auschwitz-Birkenau », Holocaust and Genocide Studies, 18(1), printemps 2004 à l’adresse https://phdn.org/archives/holocaust-history.org/auschwitz/holes-report/holes-intro.shtml.   Voir « Part IV: The Zyklon Introduction Holes in Crematorium I ».